dimanche 7 février 2010

Rabbi Hiya - רבי חייא

Rabbi Hiya Rabba (le Grand) ou Ben Abba bar Karssela (ou bar Sela – fils du peseur)






Il originaire d’un village de Babel.
On considère qu’il a vécu dans la génération charnière entre les Tannaïm et les Amoraim (années 200 de notre ère). Il est l’un des derniers de la génération de Rabbi Yehouda HaNassi. Il était l’un des grands sages de sa génération et l’un des premiers a s’inquiéter de diffuser la Torah, pas seulement à l’endroit où il vivait, mais aussi dans des endroits reculés.
Il monte en Israël lorsque le pouvoir du Prince (Nassi) est soutenu par le pouvoir romain. La grandeur de Rabbi (Rabbi Yehouda HaNassi) éveille l’espoir qu’Israël peut redevenir petit à petit le centre de la vie juive, de la Torah, et que l’on puisse de nouveau être libre de vivre comme nos pères.
Il s’installe à Tibériade et devient l’ami et le conseiller du Prince. Rabbi Hiya et les sages terminent la compilation d’un recueil de Braïtot que le milieu de la Halah’a nomme « le livre des secrets », qui est à peu près comme un complément et un commentaire des Michnaïot de Rabbi Yehouda HaNassi (Chabbat 6b et 96b – Baba Metsia 92a). Ce livre est connu pour ses connexions avec les sujets de « ribit » de Rabbi Hiya (Baba Metsia 62b et 65b). Il y a des éléments dans les premières Michnaïot dont Rabbi Yehouda HaNassi a demandé des commentaires. Rabbi Hiya en a fourni tels que l'analyse : « Comment concevait-on le « reviit » dans le Beit Hamikdach ? » (Menahot 88b).


Le Prince est assisté par l’envergure de sa connaissance, et rappelle à son sujet le verset d’Isaïe (46 :11) « D’un pays lointain est venu l’homme de mon dessein » (car il est d’origine babylonienne). Rabbi Hiya est un homme de la cours du Prince, et un homme sur lequel celui-ci peut s’appuyer (Erouvin 73a). Rabbi lui confie les missions les plus importantes comme sanctifier le mois (Roch Hachana 25a), et lui a donné l’autorisation de juger et d’enseigner (Sanhédrin 5a).
Même si parfois des mots durs sont échangés entre son fils et celui de Rabbi à tel point que celui-ci ait du intervenir (Moed Katan 16b et à d’autre endroits), Rabbi n’a jamais cessé de l’honorer et de reconnaître son travail. Il a dit à propos de Rabbi Hiya et de Rabbi Ychmaël BeRabbi Yossi : « Heureuse soit la Génération qui vit à leur côté » (Yeroushalmi Meguila 4a).


Rabbi Ocheya était son élève. Puis il devient son ami (Haver). Ils compilent les premières Michnaïot. Après avoir fixé l’ordre des Michnaïot sous l’égide des Sages selon les enseignements de Rabbi Yehouda HaNassi, ils laissent les Michnaïot de côté, « extérieures » (Braïtot), mais sont connues comme étant précises et ont valeur de preuves sur lesquelles on peut s’appuyer (Houlin 141b). Dans de nombreux endroits, dans les deux Talmuds, des Braïtot sont éparpillées et introduites par « Ainsi a enseigné Rabbi Hiya » (ex. Chabbat 42a – Yeroushalmi Péa 4 :2). Contre ceux qui pensaient que l’on trouverait dans les Michnaïot de Rabbi Hiya et Rabbi Ocheya des choses nouvelles, Ilépha dit, que l’on peut voir sur chaque enseignement de ces Braïtot, qu’ils sont déjà en allusion dans les Michnaïot de Rabbi (Taanit 21a). On avait l’habitude de dire « Ce que Rabbi n’a pas enseigné, d’où Rabbi Hiya l’aurait su ? » (Erouvin 92a et à d’autres endroits).
Cependant il y a des éléments de Halah’a qui étaient déjà différents de celles des Amoraim par rapport à la pensée de Rabbi. Par exemple au sujet du travail qui revient à la femme, Rabbi Hiya est en opposition à la Michna : « La femme ne doit s’occuper que de beauté, des enfants et des bijoux » selon lui (Ketouvot 59b).


Il était d’une grande sévérité dans ses enseignements et ses jugements. On raconte qu’un érouv qui a été fait pour la fiancée de Rabbi Ocheya par sa belle mère, a été interdit par Rabbi Hiya. Rabbi Ychmaël BeRabbi Yossi lui a répondu : « Babylonien, es tu si sévère que cela quant au érouv ? » Aba d’ajouter : « Quand il est question d’érouv, tout ce que tu peux adoucir, adouci ! » (Erouvin 80a).


Il a fait un travail remarquable en matière de Hinouh. A l’époque ce n’était pas simple, car il n’y n’avait ni livres ni enseignants. Rabbi Hiya a chassé des cerfs, dont il a utilisé la peau pour faire des parchemins pour des livres. Il a donné les peaux à un Sopher, et a ordonné d’écrire les houmachim individuellement. Il a divisé les élèves en 5 classes, et a enseigné un livre dans chacune. Ensuite il a mélangé les différents élèves en groupes de 5 enfants de chaque classe et chacun a enseigné à l’autre le livre qu’il avait appris, ainsi tous connaîtraient rapidement toute la Torah écrite. Rabbi Yehouda HaNassi a eu vent de ses efforts et a dit : « Combien sont grandes les actions de Hiya » (Ketouvot 103b – Baba Metsia 85b).
On a d’ailleurs fait prévaloir cette action (idée « que la torah ne soit jamais oubliée d’Israël (peuple) ») à l’action de Rabbi Hanina qui avait par son intelligence et sa vivacité d’esprit, la capacité de ramener des éléments de Torah que l’on avait perdu (ibid.).


Sa mort a été appréhendée avec une très grande crainte. Après son enterrement Rabbi Yossi a jeûné 80 jours, et Rech Lakich 300 jours, afin de mériter de ramener son aura. Mais même Rech Lakich n’a pas mérité ne serait-ce que d’approcher de cet objectif. Quand on a vu qu’il souffrait de cela on lui a dit « une torah comme la sienne ne se propage pas » (Yeroushalmi Kilaïm 9 :3). Une haggadah raconte sa grandeur. Selon celle-ci, à la yechiva du ciel, tous les tsadikim se déplacent grâce aux anges de services (Malah’é Hacharet) mais Rabbi Hiya se déplace par sa seule force (Baba Metsia 85b).


Sa tâche était de propager la Torah dans les terres d’exil, de donner un enseignement qui pouvait perdurer pour toutes les générations. Pendant sa vie en Erets Israël il a vu que le joug de Edom ne s’allégeait pas. Le pouvoir romain se présentait comme clément et charitable car il n’exterminait pas tous les juifs. Les sages ont alors fait remarqué que de leur point de vue ce n’était pas du tout de la charité, mais simplement une incapacité à les détruire en raison du nombre important de juifs vivant en Babylonie, en dehors de leur pouvoir (Pessahim 87b).


Au temps de Rabbi Hiya une détresse économique s’est renforcée pour les juifs de Galilée et beaucoup sont morts de faim ou ont été forcé de quitter la Terre d’Israël. A ce moment il a pensé à la nécessité de fonder des établissements de torah en exil et a commenté le verset de Job (28 :23) « C’est D-ieu qui en sait le chemin ». D-ieu sait que les juifs sont incapables de supporter les décrets de Edom, c’est la raison pour la quelle il les a exilé en Babylonie (Pessahim 87b). Il fut l’un des premiers à reconnaître la nécessité de renforcer le judaïsme en exil en renforçant le lien à l’hébreu de la torah (pas comme en Egypte et en Kirini (Babel) où là-bas le judaïsme s’est éteint rapidement parce que l’on ne s’appuyait que sur des traductions.).
C’est, il semble, le sens de ses paroles, car Rabbi avait interdit d’enseigner la Torah au marché, et Rabbi Hiya a enseigné à ses deux neveux au marché. Bien entendu, il n’avait pas besoin d’un décret pour voir l’évidence de ne pas étudier dehors en raison du vacarme du marché et des rues. C’est surprenant que Rabbi Hiya, le tsadik, soit sorti juste à ce moment, juste après la gzéra, soit sorti du Beit Hamidrach seulement avec ses neveux ! (Moed Katan 16b). Seulement, le marché est à comprendre dans le sens du reste du monde (comme la notion de yébama au marché).


Ce récit est identifié dans ce même rapport à un autre endroit (Sanhédrin 5a). Rabbi Hiya enseignait aux enfants de son frère et de sa sœur, Rav et Rabba bar Hanna, de sortir d'Israël en Babylonie pour y enseigner. Il les à donc présenté à Rabbi pour obtenir l’autorisation. Le soucis ou l’objectif premier de Rabbi était de renforcer la terre d’Israël, c’est la raison pour laquelle il s’est opposé aux conversions et à l’éparpillement des Sages. Il a difficilement donné l’autorisation à l’un d’eux. A l’autre il a réduit son permis de circulation afin qu’il reste dépendant de l’appui princier.


L’aspiration de Rabbi Hiya s’exprime par le verset (Michlé - Proverbes du Roi Salomon 1 :20) « La sagesse prêche dans la rue ». Le savoir de Rabbi Hiya correspond au commentaire du « Har Hamoria » dont la lumière/enseignement sort et se propage dans le monde (Yeroushalmi berahot4 :5). De l'esprit de Raban Yohanan ben Zacaï il a apprit à concentrer ses pensées vers le Kodech HaKodachim, c'est-à-dire, vers le Kodech HaKodachim céleste (ibid.).
Cependant la grande yechiva qui a été fondée par Rav, le fils de son frère, à Soura (Babylonie) a perduré pendant 200 ans. Elle a propagé beaucoup de torah et de connaissance dans l’exil babylonien. Elle a mérité que dans ses murs soit formée le Talmud Bavli, un livre fondamental pour le peuple juif jusqu’à nos jours.


La prière qui lui est particulière est la prière journalière contre les événements difficiles (Brahot 16b) « que nos cœurs ne soient pas peinés et que nos cœurs ne soient pas obscurcis » (rabbi Hiya paraphrasait les lamentations 5 :17 « pour cela, notre cœur fut peiné et nos yeux obscurcis » (Commentaire du Maarcha). Il faisait allusion aux sages de sa génération qui représentaient le coeur et les yeux de cette dernière (Commentaire du Ets Yossef)).


Il a mérité que ses deux enfants, Yehouda et Hizkia, soient des grands dans la Torah et dans les bonnes actions. On raconte une éloge sur cette grande famille talentueuse, que lorsque l’on a posé la question à Eliahou HaNavi s’il y avait encore dans ce monde des hommes comme les patriarches Avraham, Itzhak et Yaakov, il a répondu qu’il en restait encore: "c’est Rabbi Hiya et ses enfants" (Baba Metsia 85b).





Source : אנציקלופדיה לחכמי התלמוד והגאונים. יהושע אורנשטין . הוצאת ספרים ״יבנה״


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